J’ai longtemps envié ceux qui se délectaient de la lecture du Monde. Moi, je n’arrivais pas à le lire. Je disais en plaisantant que son format était trop grand pour mes bras, mais en vérité la façon dont l’actualité m’était proposée ne m’allait pas, je m’ennuyais en lisant, je me sentais souvent plombée et il me tombait des mains, comme les autres quotidiens d’ailleurs.
Il y a eu des moments où je me suis sentie bête à manger du foin, de ne pas participer aux échanges par méconnaissance d’un sujet, mais dans le fond, écouter les autres en débattre et surtout la façon dont ils le faisaient, m’installait dans un silence observateur mêlé d’ennui. J’ai souvent été spectatrice de luttes d’égo qui me semblaient ridicules et vaines. Bien élevée, je m’obligeais à rester, n’osant pas quitter la table ou la conversation dont de toutes les façons j’étais absente, en apparence, car muette !
Je me souviens de cet échange au débotté avec un copain, fidèle lecteur du Monde depuis un paquet d’années, qui s’était étonné de l’aveu de mon désintérêt. Il me dit ne plus avoir de temps pour rien, même pas de lire son quotidien et que l’autre jour il avait une pile de plusieurs numéros non lus qui le narguaient dans un coin, l’a saisie, mise à la poubelle et s’en est très bien porté !
Depuis les années ont passé, j’ai trouvé des façons de m’informer qui me permettent de ménager l’intérêt que j’ai, ou pas, pour certains sujets, ainsi que ma sensibilité trop souvent chahutée par l’actualité. Et surtout j’assume de ne pas savoir et de le dire lorsqu’on me pose une question. C’est infiniment reposant !
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