Il y a des clients qui disparaissent du jour au lendemain. La première fois que c’est arrivé je me suis questionnée sur ce que j’avais « mal fait » et je suis restée dans l’incompréhension la plus totale. Alors que tout se passait bien, en apparence, que la personne honorait ses rendez-vous et m’assurait qu’elle avait la sensation d’avancer, un jour pffff… personne au rendez-vous et pas de réponses aux messages laissés.

Oui, un thérapeute peut se sentir « abandonné » par un client. En tout cas c’est ainsi que j’ai pu le vivre.  A fortiori lorsque la relation de confiance est établie, que le travail avance, que l’engagement semble mutuel… et bien non finalement, il n’est pas si mutuel que ça ! Faut croire que quelque chose m’a échappé ou que c’est juste humain de disparaître comme ça du jour au lendemain.

Heureusement mes supervisions m’aident mais je demeure souvent avec un  « pourquoi » à l’intérieur car cet arrêt se fait de façon brutale, sans explications, jamais.
Ca m’a un temps laissé un goût amer, parce que voyez-vous mes clients, je m’engage vraiment auprès d’eux, pour le temps de notre travail ensemble. J’éprouve à leur égard un sincère intérêt, souvent même de l’affection, car sinon comment les aider, et là ils se volatilisent sans même dire adieu.
Il doit se passer quelque chose d’insurmontable en eux qui leur fait oublier leur parole donnée, mon cadre de travail accepté, pour qu’ils préfèrent prendre la poudre d’escampette. Peut-être que c’est lié à leur problématique d’attachement, celle qui bien souvent les a conduit jusqu’à mon cabinet ?

J’aurais pu devenir désabusée, mais bien au contraire,  ces expériences m’aident à affûter mon travail et le rendent encore plus sincère et vivant. Il m’arrive même d’éprouver une réelle compassion pour ces personnes qui subitement ne s’autorisent plus à aller à la rencontre d’eux-même, parce que ce n’est peut-être pas ou plus  le bon moment ou bien que la liberté qu’ils pourraient retrouver leur fait encore  peur ?