"Dis donc maman ta cliente au téléphone tu lui a parlé comme si c'était une copine et que tu l'aimes bien" ! c'est ma fille de dix ans qui s'exprime.J'éclate de rire et forcément poursuis la discussion "Ah bon et tu crois qu'on doit leur parler comment aux clients ?" "Bah en tout cas pas comme si c'est tes amis, ça fait bizarre" "Mais tu peux imaginer que même si on travaille ensemble ça ne m'empêche pas de bien l'aimer ?" Ce qui est sûr c'est que Lola a une certaine idée du monde du travail
et que pour elle, la frontière doit être nette : on travaille ensemble
ou on est amis, mais les deux ne sont pas possibles, et pourtant ce n'est pas ce qu'elle entend avec moi. Cet échange avec ma fille a ouvert une piste de réflexion sur la distance juste dans une relation de coaching. Juste pour qui ? Juste comment ? Jusqu'où peut-on aller ? Faut-il brider ses élans spontanés ? Intuitivement je dis non, pourvu que le cadre soit posé et bien posé… et vous qu'en pensez-vous ?
novembre 2, 2009
Formée dans une obédience psychanalytique c’est vrai qu’en débutant je pensais qu’il devait y avoir une distance nette entre le pro et le patient/le client. Maintenant avec un peu de pratique je me rends compte que d’une part ça ne me convient pas je ne m’y retrouve pas et de deux, souvent les patients me font la réflexion d’avoir été dans la démarche de faire un travail sur eux mais lorsqu’ils sont allés chez le psy ils avaient l’impression de parler devant un mur: un psy silencieux, sans expression sur le visage, qq de froid… Je suis plus dans une démarche d’échange ce qui me convient mieux, tout en faisant attention bien sur à ne pas mélanger sentiment perso et relation pro (transfert) et en prenant conscience de ce qui se passe dans la relation.
novembre 2, 2009
Sur quoi peut bien s’appuyer la représentation de la bonne distance entre des personnes qui travaillent ensemble lorsque l’on a dix ans ? Et si ça ressemblait à ce que l’on vit ou perçoit dans son quotidien ? A l’école par exemple dans son rapport avec son maître ou sa maîtresse, dans les relations entre maîtres, ou encore à travers ce que l’on peut observer quand on se promène avec ses parents dans les magasins, dans les transports en commun…
Mais comme sa maman est coach, Lola peut aussi entrevoir et entendre une autre voie…
Et pour répondre à vos questions, je dirais que la bonne distance c’est celle qui permet de s’approcher le plus l’un de l’autre sans que ni l’un ni l’autre ne soit gêné et en gardant chacun sa juste place.
novembre 3, 2009
@catherine, merci pour votre apport et la précision que c’est ce qui VOUS convient. En vous lisant, il me vient l’idée que la froideur réelle ou supposée d’un psychanalyste peut être utile à certains patients et qu’elle n’enlève pas pour autant la dimension humaine…
@stéphane, contente de vous retrouver. c’est amusant vous dites tout haut ce que je questionnais tout bas en écrivant ce billet, avec en bonus votre proposition de réponse. merci.
novembre 4, 2009
En effet je pense que la distance est à adapter en fonction de la personne reçue (et de la personne qui reçoit;) )!
novembre 4, 2009
Pour ma part la distance qui me convient c’est celle qui fait que nous nous sentons bien dans ce rapport coach-coaché.
Certains de mes clients ont besoin de conserver une distance marquée : vouvoiement, retrait, besoin de se protéger. D’autres sont ouverts à des échanges plus chaleureux qui me conviennent très bien.
L’essentiel est pour moi le cadre de la relation dont nous sommes les garants. Dès qu’il est clairement fixé nous pouvons y évoluer en trouvant la distance la plus appropriée pour cette relation.
novembre 7, 2009
@ luc, merci pour ton apport qui souligne l’importance de « l’adaptabilité » au confort de ton client
novembre 10, 2009
Chère Anna, tes questions « mettent au travail » 😉 Certes nos clients nous perçoivent comme un compagnon, un ami et bien plus encore, parfois… Ils cherchent en nous une part manquante. C’est la dynamique du « transfert ».
Et, en même temps, je crois que Lola a raison : il est difficile d’être vraiment l’ami du client. Il nous paie pour l’accompagner ; la relation est un « CDD »…
Le désir d’amitié du coach signe peut-être la fin du coaching, l’évolution vers une autre forme de relation ?
novembre 12, 2009
@ André, si mes questions mettent au travail, je te remercie pour ton post qui a le même effet. J’espère qu’il sera aussi profitable à ceux qui le lisent, qu’à moi-même ;-). Et puis finalement un grand merci à Lola, qui a généré tout ceci. On dit que nous apprenons beaucoup au contact de nos enfants…